L’œuvre de Nicos Poulantzas (1936-1979) alimente aujourd’hui
au plan international les recherches marxistes parmi les plus novatrices. Etat,
crise, classes sociales, mondialisation, Europe, transformation des rapports de
production, fascisme… sur tous ces sujets, Poulantzas a fait évoluer le
marxisme sur des voies inexplorées, en s’appuyant sur les classiques – Rosa
Luxemburg et Gramsci, parmi d’autres – mais en ouvrant également le marxisme à
des influences extérieures, celle de Michel Foucault par exemple. Cette œuvre
se situe à la charnière de deux époques : le capitalisme
d’après-guerre, et son cycle de croissance ininterrompu de trois
décennies, et la période issue de l’entrée en crise de ce cycle dans la première
moitié des années 1970, dont nous ne sommes à bien des égards pas encore
sortis. C’est ce qui confère à la pensée de Poulantzas sa très grande
actualité.
Si la Grande-Bretagne, l’Allemagne ou encore l’Amérique
latine connaissent de puissantes traditions de recherche poulantzassiennes
depuis plusieurs décennies, on ne peut pas en dire autant de la France,
pourtant pays d’élection de Poulantzas. Comme tout ce qui touche de près ou de
loin au marxisme, l’œuvre de Poulantzas a été l’objet en France, depuis les
années 1980, d’un remarquable silence.
Aujourd’hui, de nouvelles générations de
chercheurs partent à la découverte de cette pensée, et cherchent à la mettre à
contribution pour comprendre les évolutions du capitalisme contemporain. C’est
dans ce mouvement de redécouverte du marxisme en général, et des idées de
Poulantzas en particulier, que ce colloque s’inscrit.
Ce colloque reviendra sur différents aspects de l’œuvre de
Poulantzas : le rapport aux marxistes classiques, ainsi qu’à Althusser ou
Miliband par exemple, l’influence du contexte des années 1960 et 1970, ainsi
que la pertinence actuelle de ses théories, par exemple la définition de l’Etat
comme « condensation d’un rapport de force entre classes et fractions de
classes », le concept d’ « étatisme autoritaire », ou
encore sa position dans le débat avec Ernest Mandel à propos de la nature de
l’Union européenne.
Ce colloque international réunira philosophes,
historien-ne-s, sociologues et géographes autour de l’analyse, l’évaluation et
l’actualité de la pensée d’un des auteurs marxistes les plus importants de la
deuxième moitié du XXe siècle, et dont la pensée est sans doute l’une des plus
fécondes aujourd’hui.
Vendredi, 16 janvier, 9h-12h30
Introduction :
Alexis Cukier, Jean-Numa Ducange, Razmig Keucheyan,
Alvaro
Garcia Linera, vice-président de l’État plurinational de Bolivie, À partir
de Nicos Poulantzas
Cédric
Durand et Tristan Auvray, université Paris 13, Un capitalisme européen ?
Retour théorique et empirique sur le débat Ernest Mandel/Nicos Poulantzas, 40
ans après
Ludivine
Bantigny, université de Rouen, Poulantzas et les gauches révolutionnaires
: réceptions, discussions
Vendredi, 16 janvier, 14h30-18h
Marco Di
Maggio, université La Sapienza (Rome), L’eurocommunisme des intellectuels.
Poulantzas et la troisième voie vers le socialisme
Costis
Hadjimichalis, université Harokopio (Athènes), Geographies of the state :
Nicos Poulantzas and contemporary approaches to space
Guillaume
Sibertin-Blanc, université de Toulouse Jean-Jaurès, Marxisme, État,
pratique politique : Retour sur le débat croisé de Poulantzas avec
Althusser et Balibar
Alex
Demirovic, Goethe Universität (Francfort), The capitalist state as a
social relation and democratic transformation to socialism
Samedi 17 janvier, 9h30-13h
James
Martin, Goldsmiths College (Londres), Poulantzas: from law to the
state
Stathis
Kouvelakis, King’s College (Londres), Une théorie de l’É(é)tat d'exception
: Poulantzas face au fascisme
Isabelle
Garo, lycée Chaptal (Paris), Théorie de l’État et stratégie politique
Organisation : Marxismes au
XXIe Siècle, en partenariat avec Espaces-Marx, Fondation Gabriel Péri, revue Actuel
Marx, revue Contretemps