Luc Vincenti | Nous
voulons dans cette journée raviver la confrontation des ces deux figures
incontournables, Rousseau et Marx, qui se rencontrent dans les mouvements
révolutionnaires, mais que l’on étudie séparément. Il s’agit de ne pas
abandonner Rousseau au simple statut d’un spectateur du genre humain, et de ne
pas laisser Marx hors de la philosophie, en prétendant séparer la philosophie
de la politique. Il faut pour cela rappeler que si des révolutionnaires[1]se réfèrent à Rousseau, c’est que son
œuvre nous engage dans les voies progressistes : celles de la critique
sociale, de la démocratie ou de la lutte contre les inégalités. Au nom de ces
éléments Rousseau peut à bon droit être dit précurseur du marxisme, parce qu’il
nous engage à comprendre la société à partir du processus qui l’a constituée,
et qui rend sa transformation possible.
On peut pourtant souligner, comme le fait Yves Vargas lors
de sa conférence de Bologne en mars 2004[2], que l’œuvre de Marx lui-même compte peu
de citations de Rousseau, et qu’il s’agit rarement d’en faire l’éloge. Il est
vrai que Rousseau ne se présente pas comme matérialiste[3], qu’il croit au politique et à la
transcendance du droit. En ce sens il est, d’un point de vue marxiste, au cœur
de l’idéologie. Mais