26/10/13

Jean-Paul Sartre et le marxisme

Jean-Paul Sartre
✆ David Levine
Ian H. Birchall  |  En présentant un nouveau livre sur Sartre, on se sent d’une certaine façon coupable. Si on consulte le catalogue de la Bibliothèque Nationale, on trouve 2076 livres par ou au sujet de Sartre. Est-il vraiment besoin d’en ajouter un – et même deux ? Mais naturellement je réponds que oui. Parce qu’il reste des choses à dire au sujet de Sartre, et surtout il faut le sauver de ceux qui ne seraient que trop heureux de laisser la dépouille de Sartre se décomposer sous les ruines du mur de Berlin. Si pour Sartre, à l’époque de la Critique de la raison dialectique le marxisme était indépassable, aujourd’hui il ne manque pas de gens pour nous dire que le marxisme est en effet dépassable et même tout simplement dépassé. Il faut sauver Sartre de ses ennemis mais aussi de ses amis.

Des amis comme Bernard-Henri Lévy, qui nous présente Sartre comme un grand homme, mais qui veut abandonner tout le côté révolutionnaire de Sartre, pour nous laisser avec un Sartre pessimiste – même si Sartre lui-même nous assurait dès L’existentialisme est un humanisme que sa philosophie est fondamentalement optimiste. Puis il y a des ennemis comme Michel Onfray, qui semblent incapables de lire ce que Sartre a écrit, mais qui préfèrent s’attaquer à ce qu’ils croient que Sartre aurait pu écrire. Onfray nous raconte que Sartre « défend Kim-Il-Sung », lorsque Sartre a expliqué à Gerassi qu’au début de la guerre de Corée il ignorait tout de la situation. Il prétend que Sartre « a justifié le pacte germano-soviétique », quand en effet Sartre a dit à Gerassi qu’« aucun communiste français
n’aurait dû approuver [le pacte] au nom de la France ».