Antoine Artous | L’État,
le Pouvoir, le Socialisme (LPS par la suite) de
Nicos Poulantzas[1] vient d’étre republié. La première
édition, qui date de 1978, fut le point d’arrivée d’un travail marxiste sur la
théorie de l’État, amorcé dans Pouvoir politique et classes sociales (Maspero
1968), puis poursuivi dans Les Classes sociales dans le capitalisme
d’aujourd’hui (Seuil 1974), qui traite également de
l’internationalisation du capital et des classes sociales[2], et enfin La Crise de l’État (Puf,
1976), ouvrage qu’il dirigea. C’est aussi un livre très inscrit dans la
conjoncture politique de l’époque, en particulier en ce qui concerne les débats
sur le passage au socialisme. Souvent on classa alors Poulantzas parmi les
« eurocommunistes de gauche », courants critiques au sein des partis
communistes européens qui cherchaient à penser ce passage en fonction d’une
dialectique entre une majorité parlementaire et le développement de
mobilisations de masse et de comités ouvriers et populaires. Des courants
similaires existaient au sein du PS (CERES) et de la CFDT. La LCR participa à
ces débats, notamment à travers sa revue Critique communiste[3].
Dans
la préface de cette nouvelle édition, Razmig Keucheyan fait de ce livre le
point de passage ou le point de départ obligé d’une analyse de l’État capitaliste
et d’une réflexion sur la transition au socialisme. Mon approche est plus
critique, même si, m'étant confronté aux analyses de Poulantzas dès les années
1970, je ne sous-estime pas son apport, ni l’obligation dans laquelle il met
ses lecteurs de