François Chesnais | Marx, Prénom: Karl est un livre
impressionnant,imposant. Par sa longueurd’abord. Presque 700 pages, dont
on sent qu’elles auraient pu être encore bien plus nombreuses, si l’éditeur l’avait
permis. Des paragraphes très longs, qui font très souvent plus de deux pages et
parfois Presque quatre, ne facilitent pas la lecture du livre, même pour des
gens plutôt rodés à des telles lectures. Le livre est impressionnant, bien sûr,
par l’envergure de sa problématique et le degré de détails avec lequel les
questions sont examinées. Il est imposant enfin par son érudition, dont
l’étendue est confondante et inclut de fréquentes retraductions de parties de
textes à partir de l’allemand. Pour toutes ces raisons, Marx, Prénom: Karl paraît
s’adresser à un public de spécialistes.
Il serait pourtant dommage que celles et ceux que nous
nommons ici « les militants », qui continuent dans les organisations à assurer
des tâches de formation, à organiser des universités d’été, ou qui animent des
revues ou des sites, se laissent rebuter. En effet, il est important que les
thèses de ce livre soient débattues. Car Pierre Dardot et Christian Laval ne
sont pas seulement des érudits, ce sont aussi des intellectuels engagés. Ils le
sont, non pas par leur appartenance ou leur soutien actuels à tel ou tel parti
(le souvenir de leurs années de militantisme affleure dans certains chapitres),
mais par la préoccupation qui est sous-jacente en permanence à leur travail, à
savoir les conditions de l’émancipation. Ajoutons que s’il était paru plus tôt,
sa lecture m’aurait sans doute évité quelques déboires, certains anciens,
d’autres encore récents.