21/10/16

Avec Marx, le bonheur est émancipation politique

La vie du révolutionnaire nous enseigne qu’être heureux n’est pas une affaire de réussite personnelle, c’est être témoin d’une époque.

Karl Marx ✆ A.d.
Paul B. Preciado

Aune époque où la psychologie de la réussite personnelle se présente comme l’ultime graal du néolibéralisme, pour faire face au sinistre festival de violences politiques, économiques et écologiques dans lesquelles nous sommes impliqués, la biographie de Karl Marx écrite par le journaliste britannique Francis Wheen peut se lire comme un puissant antidote aux plans de coaching de développement personnel. Au fil des joyeuses infortunes de Marx, on peut imaginer une sorte d’antipsychologie du moi pour usagers d’un monde en décomposition. Le bonheur, en tant que réussite personnelle, n’est autre que l’extension de la logique du capital à la production de la subjectivité.

S’intéressant à la vie difficile et tumultueuse de Marx on peut conclure que, contrairement à ce que la psychologie du moi et du dépassement personnel cherche à nous faire croire, le bonheur ne dépend pas de la réussite professionnelle ou de l’accumulation de richesses. Le bonheur ne se trouve pas à travers le management émotionnel, ne réside pas dans l’équilibre psychologique entendu comme gestion des ressources personnelles et contrôle des affects. Et même si c’est difficile à admettre, il ne dépend ni de la santé ni de la beauté.