29/8/16

Marx, Lénine, les bolcheviks et l'islam

Karl Marx ✆ Damir Nikšić
Bruno Drweski (2012)

Les marxistes et les progressistes devraient se rappeler les leçons contradictoires de la politique menée par les bolcheviks vis-à-vis des citoyens musulmans de ce qui allait devenir l'Union soviétique. Etat socialiste marqué dès le départ par des contradictions entre tenants d'un « fidéisme marxiste » rigoureusement athéiste, occidentaliste, moderniste, et d'une compréhension plus « marxienne dialectique » et plus internationaliste, qui sut imaginer des passerelles entre l'iconoclasme marxiste et la foi islamique. Il ne s'agira donc pas ici d'analyser le rapport du marxisme à l'égard du phénomène de la foi, thème qui doit être traité en soi, de façon distincte, dans une perspective historique liée au mûrissement dans les sociétés occidentales d'une attitude nouvelle réagissant concrètement à des siècles d'hégémonie chrétienne. Il s'agira d'analyser ici concrètement une expérience historique, les relations évolutives du système soviétique à l'égard d'une structure religieuse en particulier, l'islam, religion clef dans les rapports entre le monde occidental, la modernité occidentale et le monde colonial de l'époque. Deux mondes entre lesquels allait se placer l'Union soviétique, située à la charnière entre l'Europe et ce qui allait devenir le tiers monde. Tiers monde que certains allaient commencer à considérer, surtout à partir du bolchevisme, comme le nouveau tiers-état révolutionnaire. Un tiers-état désormais mondial, dans le cadre d'un processus révolutionnaire international arrivé à l'époque de l'impérialisme. Question du rapport à l'islam qui, dans les pays occidentaux a pu être et peut toujours être aussi perçue non pas dans son aspect colonial et post-colonial, mais comme une répétition contemporaine de la lutte pour imposer une liberté de conscience « à l'occidentale », « désenchantée », « privée », dans des sociétés marquées encore par le poids de l'héritage d'une domination des Eglises tombées en crise. Mais en quelque sorte remplacées aujourd'hui dans la vision de certains par une nouvelle religion plus vigoureuse, l'islam.