Foto: Ernest Mandel |
►Postface à Ernest Mandel, Les ondes longues du
développement capitaliste. Une interprétation marxiste, Syllepse, nov. 2014
Michel Husson |
Il n’est sans doute pas de meilleur manière de rendre hommage à Ernest
Mandel que d’appliquer sa méthode, celle d’un marxisme vivant, non dogmatique.
Et la profondeur de la crise actuelle rend d’autant plus nécessaire une réévaluation
critique des outils d’analyse qu’il nous a légués. Cette contribution cherchera
donc à répondre à cette question : la théorie des ondes longues est-elle un
cadre adéquat pour l’analyse de la crise actuelle, de sa genèse, et de la
nouvelle période qu’elle ouvre ?
Après avoir rappelé les grandes lignes de cette théorie, on
cherchera à l’appliquer à l’ensemble de la phase néo-libérale du capitalisme, en
alternant les considérations théoriques et les observations empiriques. Cet examen
sera mené selon deux fils directeurs. Le premier est que le capitalisme
néo-libéral correspond à une phase récessive dont le trait spécifique essentiel
est la capacité du capitalisme à rétablir le taux de profit malgré un taux
d’accumulation stagnant et des gains de productivité médiocres. Le second est
que les conditions du passage à une nouvelle onde expansive ne sont pas réunies
et que la période qui s’ouvre est celle d’une « régulation chaotique ».