Linder Kolja | Le sort actuel de la pensée
althussérienne est tragique à maints égards. Premièrement, elle se trouve face
à une conjoncture politique défavorable à une théorie critique de la société
existante. Sur ce point, est symptomatique l’exclusion académique dont a fait
l’objet le mémoire de fin d’études[1] à
l’origine de cet article au sein d’une Grande Ecole réputée être « un
espace intellectuel ouvert » (autopromotion). Prétendant qu’on aurait
« peine à se faire une idée, aujourd’hui que le marxisme est une religion
morte, de ce que pouvait être l’aura d’un philosophe tel que Louis Althusser
dans les années 1960 et 1970 »,[2] la
pensée unique s’exprime aussi dans la prépondérance du « cas »
d’Althusser par rapport à son œuvre – n’en donnons que l’exemple misérable de
deux pièces de théâtre jouées l’année dernière sur des scènes parisiennes (Le
Caïman au Théâtre Montparnasse et Althusser soloau
Lucernaire). Deuxièmement, l’œuvre althussérienne est aujourd’hui en partie
dans les mains d’intellectuels dont les axes de pensée majeurs lui sont étrangers.
En témoigne la méconnaissance apparente de l’éditeur François Matheron sur Marx
et la tentative de la revue Multitudes de s’accaparer
Althusser pour le postmodernisme. Jusqu’aujourd’hui, ces conditions de
réception étaient défavorables à une recherche sur le rapport d’Althusser aux
idées marxiennes, qui sont cependant la référence centrale deMontesquieu. La
politique et l’histoire aux notes sur le matérialisme aléatoire.