24/1/14

Mobilité sociale et totalitarisme stalinien | La réflexion de Claude Lefort

Claude Lefort ✆ Guillem Cifré 
Patrick Massa  |  Cherchant à expliquer l’émergence imprévue d’une nouvelle société de classe en URSS et la consolidation du pouvoir de la bureaucratie stalinienne, Castoriadis avait su faire toute sa place aux conséquences politiques des flux de mobilité sociale[1]. Dans Socialisme ou Barbarie, Pierre Souyri sur la Chine de Mao ou Jean-François Lyotard étudiant le FLN algérien ont aussi su articuler brillamment analyse de classe et prise en compte des trajectoires individuelles[2]. Il s’agira de montrer ici que, quand il militait à Socialisme ou Barbarie, Claude Lefort, accordait aussi une grande importance à ce paramètre sociologique. Nous verrons ensuite comment il s’éloigne de cette question quand il abandonne le marxisme. Enfin, nous nous interrogerons, à la lumière de l’effondrement des régimes de l’Est, sur la pertinence de cet éloignement.

Un Lefort marxiste très attentif aux conséquences politiques des flux de mobilité sociale

A l’époque de son appartenance à Socialisme ou Barbarie, les analyses de Lefort étaient très proches de celles de Castoriadis. Il a consacré un article très louangeur publié en octobre 1950 dans Les Temps Modernes au livre de l’ex-kominternien yougoslave