Claude Lefort ✆ Guillem Cifré |
Patrick Massa |
Cherchant à expliquer l’émergence imprévue d’une nouvelle société de
classe en URSS et la consolidation du pouvoir de la bureaucratie stalinienne,
Castoriadis avait su faire toute sa place aux conséquences politiques des flux
de mobilité sociale[1].
Dans Socialisme ou Barbarie, Pierre Souyri sur la Chine de Mao ou
Jean-François Lyotard étudiant le FLN algérien ont aussi su articuler
brillamment analyse de classe et prise en compte des trajectoires individuelles[2]. Il s’agira de montrer ici que, quand il
militait à Socialisme ou Barbarie, Claude Lefort, accordait aussi une
grande importance à ce paramètre sociologique. Nous verrons ensuite comment il
s’éloigne de cette question quand il abandonne le marxisme. Enfin, nous nous
interrogerons, à la lumière de l’effondrement des régimes de l’Est, sur la
pertinence de cet éloignement.
Un Lefort marxiste
très attentif aux conséquences politiques des flux de mobilité sociale
A l’époque de son
appartenance à Socialisme ou Barbarie, les analyses de Lefort étaient très
proches de celles de Castoriadis. Il a consacré un article très louangeur
publié en octobre 1950 dans Les Temps
Modernes au livre de l’ex-kominternien yougoslave