Antoine Artous | La richesse,
la valeur et l’inestimable (LLL, 2013) de Jean-Marie Harribey est un
« gros » livre important, touffu et intéressant, dont le projet est
clairement annoncé par son sous-titre : « Fondement d’une critique
socio-écologique de l’économie capitaliste ». Il faut donc le lire et le
discuter. D’autant plus que son auteur, ex-coprésident d’Attac France, ne cache
pas sa préoccupation : penser les fondements d’une politique alternative
au néolibéralisme, orientée vers une « demarchandisation » et une
société « postcapitaliste », pour reprendre ses formules.
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Jean-Marie Harribey |
Et qu’il entend
le faire en réactualisant la théorie de la « valeur travail », en
référence explicite à Marx. Le livre balaie donc un champ très vaste, mêlant
analyses spécifiques et débats très généraux – en particulier sur la théorie de
la valeur. C’est
son intérêt, mais cela rend aussi un peu difficiles les angles de discussions.
Ici, je voudrais développer une lecture critique de son traitement de la
théorie de la valeur de Marx, bien illustrée par ses analyses de « la
sphère non marchande ». Cet angle d’attaque ne doit pas effacer d’autres
analyses pertinentes comme, par exemple, sur le dit capitalisme cognitif, et
son apport important sur la question de l’écologie. Dans
un premier temps, je ferais quelques développements généraux sur la valeur,
afin d’indiquer la façon dont je perçois son approche, pour poursuivre sur le
secteur non marchand avant de revenir sur des questions plus générales ;
notamment sur la monnaie et apparaît ici comme centrale et, moins longuement,
sur le rapport salarial. Cela dans le cadre d’une problématique de « démarchandisation »
et la perspective d’une société « postcapitaliste ».