15/12/13

La richesse, la valeur et l’inestimable. Fondements d'une critique socioécologique de l'économie capitaliste | Jean-Marie Harribey

Antoine Artous  |  La richesse, la valeur et l’inestimable (LLL, 2013) de Jean-Marie Harribey est un « gros » livre important, touffu et intéressant, dont le projet est clairement annoncé par son sous-titre : « Fondement d’une critique socio-écologique de l’économie capitaliste ». Il faut donc le lire et le discuter. D’autant plus que son auteur, ex-coprésident d’Attac France, ne cache pas sa préoccupation : penser les fondements d’une politique alternative au néolibéralisme, orientée vers une « demarchandisation » et une société « postcapitaliste », pour reprendre ses formules. 

Jean-Marie Harribey
Et qu’il entend le faire en réactualisant la théorie de la « valeur travail », en référence explicite à Marx. Le livre balaie donc un champ très vaste, mêlant analyses spécifiques et débats très généraux – en particulier sur la théorie de la valeur. C’est son intérêt, mais cela rend aussi un peu difficiles les angles de discussions. Ici, je voudrais développer une lecture critique de son traitement de la théorie de la valeur de Marx, bien illustrée par ses analyses de « la sphère non marchande ». Cet angle d’attaque ne doit pas effacer d’autres analyses pertinentes comme, par exemple, sur le dit capitalisme cognitif, et son apport important sur la question de l’écologie. Dans un premier temps, je ferais quelques développements généraux sur la valeur, afin d’indiquer la façon dont je perçois son approche, pour poursuivre sur le secteur non marchand avant de revenir sur des questions plus générales ; notamment sur la monnaie et apparaît ici comme centrale et, moins longuement, sur le rapport salarial. Cela dans le cadre d’une problématique de « démarchandisation » et la perspective d’une société « postcapitaliste ».